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BENTLEY, LYNCH, GHEL...

 

ANALYSE

URBAINE.

 

 

Après avoir pris connaissance des aménagements prévus par le Comprehensive Plan de 2035, nous avons analysé les différentes hypothèses qui y sont présentées afin d'évaluer leur pertinence par rapport aux différents besoins de la communauté.

 

[voir l'analyse ci-dessous]  

mer de

Chukchi

 

3. 

IMPLANTATION DE

NOUVEAUX LOGEMENTS

Variété et étalement urbain

 

Les trois nouvelles zones résidentielles prévues par le Barrow Comprehensive Plan à l’est de Browerville (Fig. 3.6: en jaune) pour l’implantation de maisons unifamiliales semblent maladroitement engendrer une forme d’étalement urbain prématuré pour la ville de Barrow. Au lieu de miser sur la consolidation des bâtiments abandonnés et des terrains vacants présents au centre de la ville, le plan prévoit une implantation distante de ces différents services, engendrant la création de qui, dans le contexte économique particulier auquel Barrow fait face aujourd’hui, ne contribue pas à l’augmentation de la qualité urbaine de cette petite ville arctique.

 

Ajoutés 

unifamiliale

 

Ajoutés 

unifamiliale

 

Ajoutés 

unifamiliale

 

Bâti

spécialisé

 

Tranformés

multi-logements 

 

Tranformés

multi-logements

 

Requalifiés

plexs 

 

mer de

Chukchi

 

FIG. 3.6 : MIXITÉ DU BÂTI (PRÉVUE POUR 2035)  

Mise en relation du bâti spécialisé avec les nouvelles zones résidentielles prévues

 

Lorsqu’on considère la localisation actuelle des services à travers la ville (principalement dans le Old Barrow et l'Upper Browerville, Fig. 3.6 : en rose) ainsi que celle prévue par la création des pôles éducatifs et récréatifs prévus (Fig. 3.6 : en rose), on constate que l’implantation de deux de ces trois nouveaux quartiers engendre la création de zones résidentielles excessivement strictes et monofonctionnelles. Entièrement ségrégués des zones comportant du bâti spécialisé, ils offrent très peu de variété programmatique. Par conséquent, l’accès à partir de ces quartiers à des points d’approvisionnement alimentaire ou à des espaces publics collectifs est remis en question. 

 

Dans les nouveaux secteurs, on constate également que la variété stylistique et formelle qui influe sur le paysage urbain de la ville est appauvrie par l’implantation d’énormes quartiers résidentiels qui useront, dans un souci d’économie, de modèles typologiques standardisés pour les habitations. Ce manque de variété influera également sur la lisibilité du tissu urbain à l’intérieur et aux pourtours des nouveaux quartiers, engendrant un important manque de repères visuels distinctifs permettant aux résidents de la ville de facilement y naviguer. 

 

En misant plutôt sur l’insertion du bâti résidentiel manquant à l’intérieur des espaces vides disponibles au centre de la ville, celle-ci offrirait une bien meilleure variété fonctionnelle, mais également stylistique aux habitants de Barrow. C’est notamment ce qu’on retrouve près des zones d’implantation résidentielles avoisinant les nouvelles zones récréatives et éducationnelles également prévues par le plan d’aménagement (Fig. 3.6 : en rouge). Elles permettent d’offrir des logements à proximité de points de service alimentaire, des pôles récréatifs et d’une multitude d’espaces publics collectifs, tous à des distances de marche raisonnable les uns des autres. En effet, pour un rayon de 400 mètres autour de ces zones, on retrouve une bonne diversité de bâti, mais aussi d’activités possibles par les nouvelles installations, créant ainsi un environnement stimulant et facilement compréhensible en terme de lisibilité.

 

Connectivité et mobilité urbaine

 

Ce sont également les quartiers résidentiels prévus aux pourtours des zones récréatives et éducationnelles (Fig. 3.6 : en rouge) qui assurent le mieux une mobilité active au sein de Barrow. Il s’agit d’une qualité urbaine importante pour les résidents de la ville, considérant que seulement un tiers de sa population a accès à une automobile, et qu’il n’y a pas de système de transport en commun mis en place aujourd’hui. Les résidents, qui doivent souvent se déplacer à pieds dans un climat frigorifiant, ont donc besoin d’être installés à une certaine proximité des zones de services, d’activités, ou de socialisation. Dans cette première zone à l’étude (Fig. 3.6 : en rouge), les résidences sont en effet implantées de manière à accentuer la connectivité entre les pôles récréatifs et les zones résidentielles. De plus, la ville a pensé d'inclure de nouveaux parcours piétonniers, qui encouragent la mobilité active et facilitent les déplacements sécuritaires (voir section 2).

 

Uniquement accessibles par les deux nouvelles routes qui sont prévues pour les connecter à Browerville et à la nouvelle bande récréative se développant de l’autre côté de l’Upper Isatkoak Lagoon (soit Okpik Street et Laura Madison Street extended), les futurs quartiers résidentiels prévus à l’est de la ville (Fig. 3.6 : en jaune) sont complètement isolés du tissu urbain plus dense et diversifié du centre-ville. On se questionne alors sur la nature de ces logements : à Barrow, il manque des logements abordables qui puissent correspondre au profil des nombreuses familles inupiates pour lesquelles il est actuellement impossible d’acquérir une propriété. Si ces logements doivent servir de logements sociaux, comment la ville peut-elle justifier le manque flagrant de connectivité entre ces différents secteurs et le centre de la ville?

 

Au contraire de ce qui devrait être prévu par le Barrow Comprehensive Plan 2015-2035, ce dernier nous présente une hypothèse d’aménagement qui, en majeure partie, exclut tout incitatif de mobilité active pour plus de 500 de ses nouveaux résidents.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Considérant la forme urbaine actuelle de Barrow, la densification du Old Barrow serait la meilleure façon d’assurer une connectivité efficace entre les différentes activités et lieux d’approvisionnement qui existent au sein du village, sachant qu’il est quasi impossible pour un résident de se déplacer à pieds de l’autre côté du Upper Isatkoak Lagoon au nouveau pôle récréatif prévu pour la ville (ceci représente une distance de 2,8 kilomètres). Lorsqu’on considère qu’il reste, à travers Barrow et Browerville, un total de 290 lots vacants assez loin des limites d’érosion prévues projetées pour 2035 et donc potentiellement exploitables pour de nouvelles habitations, on se questionne grandement sur le choix d’implanter de nouveaux secteurs résidentiels à l’écart du centre-ville, et sur l’effet néfaste qu’auront ces derniers sur la qualité urbaine de Barrow, sur le niveau marchabilité et la variété présent au sein de son tissu.

 

Lisibilité

 

Dans les zones implantées aux pourtours du Upper Isatkoak Lagoon (Fig. 3.6 : en rouge), l’implantation de bâti résidentiel se fait de manière à encadrer plus fortement les voies où on y prévoit une certaine confluence. En tête des îlots résidentiels implantés sur ces voies, le Comprehensive Plan prévoit l’implantation de bâti mixte, plus imposant et comportant un espace commercial au rez-de-chaussée ainsi qu’une plus forte de densité d’occupation à l’étage. Ce bâti permet une transition plus appropriée entre la voie commerciale et institutionnelle, et les résidences unifamiliales des unités morphologiques avoisinantes. De cette manière, une telle voie d’envergure est bien encadrée et les jonctions qui la lient au quartier résidentiel voisin sont plus individualisées, ce qui rend ainsi la lisibilité du tissu urbain davantage bonifiée. 

 

FIG. 3.7 : MANQUE DE CONNECTIVITÉ DES DIFFÉRENTS TISSU DE BARROW

Prévu par le Comprehensive Plan de 2035

 

2. 

DIVERSITÉ DES ESPACES

PUBLICS ET RÉCRÉATIFS

La colocalisation et la contiguïté des espaces récréatifs partagés ont, comme intention, d’augmenter considérablement le potentiel d’utilisation de telles installations pour les événements communautaires de la ville de Barrow et pour ses habitants. La consolidation des établissements scolaires est certes judicieuse dans l’optique d’assurer un flux d’activité constant autour de ces nouveaux pôles récréatifs, variant ainsi le rythme des usages entre activités scolaires et activités publiques. Toutefois, l’endroit où l’intervention s’implante est-il judicieux afin de contribuer à la qualité de la vie urbaine du secteur et à l’appréciation de ces nouveaux espaces récréatifs ?

 

Le contexte

 

Au sein du Old Barrow, le site pour l’intervention de consolidation borde d’une part une lisière résidentielle, et ceinture de l’autre le Lower Isatkoak Lagoon. Elle se juxtapose au nœud principal de la ville où on retrouve un marché alimentaire et le vieux presbytère : un bâtiment et repère historique ponctuant le paysage identitaire de la vieille ville. Le contexte de ce secteur, que l’on appelle communément le centre-ville de Barrow, offre une variété et une mixité fonctionnelle cohérente propice à la rétention des résidents ; de l’habitation pour une mixité investie aux bureaux administratifs et aux commerces, des hôtels aux églises, jusqu’aux garderies et aux services publics. Situé au cœur de la ville, le site d’implantation du projet est un point d’ancrage bien connu, faisant parti du quotidien des habitants et étant à proximité de tous les services. Localisé entre divers attracteurs sociaux, le site serait en mesure, via la création d’une plateforme récréative, de canaliser des activités collectives attirantes d’interactions sociales.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’intervention

 

Seuls les espaces qui sont accessibles peuvent offrir du choix aux habitants; c’est ce que Bentley appelle la perméabilité. Sa qualité se trouve dans la potentialité de voies alternatives ou de passages à travers un tissu urbain, et notamment par la disposition du bâti et du système viaire qui y est implanté. Il peut être question de perméabilité physique, mais également de perméabilité visuelle. Dans l’implantation d’un projet par consolidation, il est particulièrement important de tenir compte de l’environnement déjà bâti, car la perméabilité du tissu qualifie et souvent influence l’accès aux lieux.

 

Le site d’intervention est scindé par un cimetière, où le nouveau complexe récréatif s’y implante de part et d’autre, se divisant ainsi en deux secteurs récréatifs ; deux zones maintenant dissociées par une barrière physique et où l’accès entre les parties se fait à partir de la rue ou encore à partir d’un passage piéton qui sillonne le pourtour du lagoon. Unifiant l’ensemble des infrastructures du collège Ilisagvik à l’école primaire Ipalook, en passant par le Roller Rink et le centre Piuraagvik, cette promenade en boucle vient également lier la banlieue de Browerville. C'est dans une optique de centralisation des infrastructures que le bâti du complexe éducatif et récréatif s’implante, mais selon une ségrégation des fonctions ayant pour conséquence une emprise au sol importante, voire même une occupation de tout le secteur riverain du centre-ville. Tant par l’ampleur des infrastructures que par les passerelles chauffées fermées qui les unissent, un front bâti continu se forme, créant une barrière entre la ville et son lagoon, le déconnectant d’un repère identitaire et culturel ; une perméabilité tant visuelle que physique est perdue, induisant au sein du secteur une perte de la lisibilité.

 

Le projet est davantage introverti et ses installations se tournent vers le point d’eau en faisant dos à la ville. Au sein du site, le piéton n’a le choix que d’une seule entrée pour accéder à la promenade, laquelle reste le seul vrai lien qui unit l’ensemble des centres éducatifs et récréatifs devant un système viaire complexe et fragmenté. Un trajet à partir de la rue, du Roller Rink au centre Piuraagvik, se marche en passant par quatre rues différentes, dont une où le trafic automobile est dense et congestionné par moment. Aucune ramification de la promenade ne mène d’ailleurs au nœud principal du centre-ville et son organisation, de plus, que celle du bâti des espaces éducatifs et récréatifs lui suggère un usage exclusivement axé sur la desserte des infrastructures de l’intervention. Pour un endroit offrant une bonne multiplicité de services, aucun d’entre eux n’offre toutefois de relation avec l’espace public collectif. Faisant face à un quartier résidentiel, aucune extension extérieure des activités ne semble y être envisagée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’un contexte de pétro-urbanisation duquel la ville tente hardiment de se défaire, la question qui se pose est à savoir si ces infrastructures seront toujours utilisables considérant une éventuelle diminution de la population lorsque les compagnies pétrolières quitteront inévitablement la ville de Barrow.

Dans leur proposition pour Barrow 2035, la demande de la communauté pour une plus grande variété d’opportunités récréatives fut certes accomplie, mais la demande versus la réponse est-elle appropriée ? Même dans une perspective de forte croissance de l’activité touristique et d’une hausse démographique, les instances gouvernementales auraient plutôt intérêt à viser un équilibre entre les besoins actuels en opportunités récréatives et les besoins prédits en fonction des objectifs socioéconomiques de développement formulés. De ce fait, le plan d’aménagement proposé ne fait que répondre objectivement aux besoins ressentis de la part de la population locale. Les notions de qualités urbaines ne sont pas prises en considération, laissant place à une rationalisation des espaces publics collectifs engendrant des formes urbaines étalées. On peut s’interroger sur la viabilité, et la qualité de ces aménagements. Malgré un désir de forger une identité collective forte et une autosuffisance économique, l’implantation du projet suggère, plutôt qu’une stigmatisation du développement pétro-urbanistique, un urbanisme axé sur le fonctionnalisme plutôt qu’axé sur l’urbanité.

 

FIG. 2.2 : ÉTUDE SELON LES CRITÈRES DE LYNCH DU OLD BARROW

Prévue par le Comprehensive Plan de 2035

 

FIG. 2.1 : VARIÉTÉ FONCTIONELLE AU SEIN DU OLD BARROW

Prévue par le Comprehensive Plan de 2035

 

LYNCH, Kevin. (1960) The Image of the City. Cambridge: MIT PRESS. 194P

Sources: Community Planning Division, North Slope Borough Department of Planning and Community Services (2015) Soaring to the future : Barrow Comprehensive Plan 2015-2035. [http://www.north-slope.org/assets/images/uploads/Barrow_Comp_Plan_March_2015_FINAL.pdf]

 

FIG. 1.1 : Les instituts d'enseignements et les garderies 

Prévue par le Compréhensive Plan de 2035

 

1.

DIVERSIFICATION

DE L'ÉCONOMIE LOCALE 

Une main d'oeuvre qualifiée

 

Afin d’atteindre l’indépendance économique face à l’industrie du pétrole, non seulement la ville doit développer sa propre économie, mais également une main d’œuvre ayant une expertise qualifiée. Par conséquent, un accès facile aux savoirs dans la ville est important, qu’il s’agisse de la bibliothèque ou d’une école technique. En fait, l’idée est que les personnes formées puissent développer une entreprise locale à partir de l’expérience qu’elles auraient acquise tout au long de leur formation.

 

En fait, parmi les quatre écoles de Barrow, on retrouve le Ilisagvik College qui diffuse un savoir davantage technique. En rapprochant le collège, qui est actuellement positionné à environ 4 kilomètres de Browerville, il devient plus facilement accessible à pied. En plus, en implantant à proximité (à moins de 400 mètres) du collège une garderie, on facilite l’accès à des études postsecondaires chez les jeunes adultes, parfois ayant de jeunes enfants à leur charge. De plus, en étant implanté dans le Old Barrow à proximité d’autres bâtiments spécialisés, le collège vient ainsi renforcir la mixité de cette partie de la ville.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des opportunités touristiques

 

Compte tenu du petit nombre d’infrastructures récréatives à Barrow, l’activité touristique est davantage orientée envers l’écotourisme. Actuellement, les activités proposées et d’intérêts touristiques sont presqu’en totalité extérieures. On note de la réticence de la part de certains membres de la communauté face à l’idée que la ville de Barrow puisse devenir dans le futur une destination touristique de choix, ce qui pourrait engendrer un grand achalandage de visiteurs dans les lieux publics et avoir des répercussions négatives sur les pratiques traditionnelles de subsistance (étant sursollicitées à des fins de récréation). Cependant, une telle hésitation n’est pas considérée dans le plan de développement pour 2035, où l’objectif est, à l’inverse, d’accroitre les possibilités d’activités touristiques intérieures. En effet, en raison de la grande importance accordée par les instances gouvernementales pour forcer l’émergence d’une économie locale autosuffisante, une vingtaine de bâtiments culturels et récréatifs seraient implantés pour répondre aux besoins d’en moyenne 7000 personnes. Ces bâtiments serviront tant à enrichir les opportunités touristiques qu’à améliorer certains aspects de la qualité urbaine dans Barrow comme la diversité du tissu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En concentrant les nouveaux bâtiments de travail, de récréation et de services à prolixité du bâti spécialisé existant en 2015, même si la ville n’offre pas la mixité à ses quartiers résidentiels futurs, elle permet une assez forte proximité entre les diverses installations du Old Barrow, consolidant ainsi la mixité urbaine autour du centre-ville. Cela permet aux visiteurs de les visiter, un après l’autre en marchant, surtout considérant l’absence d’un service de transport en commun, les couts élevés du service de taxi et la faible quantité d’infrastructures piétonnes prévue pour 2035.

 

En somme, plusieurs villes arctiques ayant été urbanisées et développées en accéléré pour suffire à l’industrie du pétrole ne s’étaient pas préparées au retrait de l’industrie pétrolière. Dans le cas de Barrow, afin de prévenir la dégénérescence de l’économie suite à ce retrait, des plans de développement (Comprehensive Plan) sont développés afin de bien saisir les enjeux auxquels la ville doit faire face. Grâce à la solide volonté des natifs à préserver leur culture et à faire partie du processus décisionnel (regroupés sous le nom du Native Village of Barrow), leur voix est, en général, prise en compte dans les plans de développement.

 

 

FIG. 1.1 : Les instituts d'enseignements et les garderies 

Prévus par le Comprehensive Plan de 2035

 

Source: Community Planning Division, North Slope Borough Department of Planning and Community Services (2015) Soaring to the future : Barrow Comprehensive Plan 2015-2035. [http://www.north-slope.org/assets/images/uploads/Barrow_Comp_Plan_March_2015_FINAL.pdf]

United States Department of the Interior , Office of Indian Affairs (1941) Constitution and by-laws of the Native Village of Barrow.

[http://www.loc.gov/law/help/american-indian-consts/PDF/41051357.pdf]

 

 

FIG. 3.8 : LISIBILITÉ DU TISSU DE LA NOUVELLE ZONE RÉCRÉATIVE

Noeuds et jonctions

FIG. 3.9 : MANQUE DE LISIBILITÉ DES NOUVEAUX QUARTIERS RÉSIDENTIELS

Noeuds et jonctions

Optimisation économique

 

Tel que mentionné précédemment, un des enjeux les plus importants à Barrow par rapport à l’habitation est le manque d’adaptabilité des bâtiments résidentiels, dont plusieurs n’ont toujours pas d’infrastructures sanitaires ou de systèmes d’approvisionnement en eau courante. Les systèmes de dessertes par enfouissement ne sont plus utilisés à Barrow en raison de leurs effets néfastes sur la fonte du pergélisol continue, lequel constitue toute la partie nord de l’Alaska. Depuis quelques années, la municipalité a investi dans le système Utilidor, qui consiste en un large tunnel de bois souterrain qui traverse la majeure partie centrale de la ville afin de permettre son approvisionnement en électricité, en gas, et en eau chaude. 

 

Considérant que plusieurs efforts semblent être posés sur la création de logements abordables, il serait potentiellement plus intéressant de miser sur l’implantation de bâti à proximité du réseau Utilidor déjà existant, ce qui permettrait d’éviter la construction de nouveaux réseaux électriques couteux, comme il devra être prévu pour les nouveaux quartiers à l’est de la ville (Fig 3.6 : en jaune). De plus, comme l’analyse de variété l'a démontré, le système passe actuellement dans les zones les plus variées de la ville, ce qui est optimal lorsqu’il est question d’implanter du bâti de manière à prévoir un réseau de mobilité active efficace en climat arctique.

 

FIG. 3.10 : POTENTIEL D'UTILISATION DU SYSTÈME UTILIDOR

Analyse des zones d'implantation possibles

Perméabilité

 

De manière générale, les nouveaux îlots proposés à l’est de Barrow sont trop larges, et n’offrent donc pas une variété de voies et de chemins alternatifs attenants assez importante pour bien contribuer à la qualité urbaine de ce lieu. Selon les théories de Bentley et al. sur la perméabilité en milieu urbain, la taille des îlots standardisés proposés par le Barrow Comprehensive Plan (équivalente à 275 mètres de longueur en moyenne)  est irraisonnable considérant la taille de la ville, en plus d’offrir un cadre urbain trop rigide à ce milieu résidentiel, auquel vient se jumeler le manque de lisibilité et de variété du tissu. De manière générale, on peut dire que la contribution à la qualité urbaine de ce nouveau secteur dédié à l’habitation ne s’annonce pas très prometteuse.

 

Dans les secteurs implantés aux pourtours du Upper Isatkoak Lagoon, une perméabilité plus adéquate est conférée par l’implantation sous forme organique des différents bâtiments résidentiels à vocation multifamiliale. Ces derniers ne tentent pas la création d’îlots, comme il est proposé à l’est de la ville. Ils s’implantent et s’articulent de manière à laisser un grand nombre de possibilités d’accès et d’interactions dans les espaces délimités par les bâtiments eux-mêmes, créant ainsi des opportunités d’espaces publics collectifs informels et modulables.

 

FIG. 3.6 : PERMÉABILITÉ DES NOUVEAUX ÎLOTS RÉSIDENTIELS

Analyse d'implantations possibles

Robustesse

 

Comme nous l’indique notre cadre théorique, un des critères les plus importants sur lequel il est important de miser lorsqu’on souhaite contrer les effets de la pétro-urbanisation sur un développement urbain futur est la robustesse. En effet, puisqu’un grand nombre des espaces et des infrastructures de la ville ont été conçus pour combler des besoins imminents engendrés par un boom économique, soit l’exploitation pétrolière dans ce cas-ci, il est fort probable que ces infrastructures, une fois l’industrie du pétrole retirée de la ville, deviennent désuètes, ou comme l’appelle Ritchot, des urban corpses, dénudés de tout motif, de toute raison d’exister. On nous suggère alors de développer, dans de telles villes, de nouveaux espaces où la robustesse permettra de combler les besoins actuels, en même temps de prévoir son éventuelle évolution et métamorphose.

 

Lorsqu’on analyse les nouvelles zones d’habitation prévues pour la ville de Barrow en 2035, l’utilisation adéquate de la robustesse pour contrer les lacunes identitaires de ville est ambiguë. Dans le cas des zones implantées à proximité de bâti spécialisé (Fig. 3.6 : en rouge), les bâtiments résidentiels sont implantés sur des parcelles en bordure du Upper Isatkoak Lagoon de façon à encourager la perméabilité et la versatilité du tissu. Implantés de manière organique, ces immeubles à appartements, qui sauront accueillir un plus grand nombre de familles, permettent le développement d’espaces publics collectifs parsemés entre ces derniers. À proximité des pôles récréatifs et sportifs, ces zones deviennent plus faciles à requalifier lors d’un éventuel changement, imminent, des besoins de la ville.

 

Pour être plus spécifique, on considère que si l’industrie pétrolière se retire de l’Alaska après 2035, la ville de Barrow aura construit 600 logements en trop en suivant le Comprehensive Plan approuvé en 2015, puisque la demande en habitation aurait alors été augmentée par la présence de l’industrie pétrolière. Ainsi, si le taux d’inoccupation des habitations vacantes devenait un enjeu, il importerait de compenser par la transformation de certaines zones, autrefois résidentielles, afin de servir d’autres besoins inattendus de la nouvelle forme urbaine. Ces espaces devraient pouvoir être facilement reconvertis pour abriter d’autres fonctions qui serviront mieux le nouveau contexte économique qui régira alors la ville de Barrow, plutôt que de les laisser devenir des urban corpses. Dans le cas des plex prévus au Old Barrow, on peut prévoir une réaction similaire en matière de robustesse.

 

Toutefois, dans le cas des deux nouvelles zones prévues à l’est de ville, en raison de leur caractère monofonctionnel, elles seront très difficilement convertibles, ce qui octroie une très faible variété à ce tissu, tant au niveau de son impact sur le paysage qu’à sa lisibilité. Cette zone est prévue de manière beaucoup trop rigide, considérant l’incertitude autour de laquelle l’économie actuelle de la ville de Barrow est basée. Si la demande en logements diminue drastiquement et de manière soudaine, il sera très dispendieux, voire impossible, de reconvertir cette partie de la ville pour servir d’autres fonctions qui répondront mieux aux nouveaux besoins d’aménagements de Barrow, ainsi qu’à sa nouvelle identité et son nouveau contexte économique.

Sources: Community Planning Division, North Slope Borough Department of Planning and Community Services (2015) Soaring to the future : Barrow Comprehensive Plan 2015-2035. [http://www.north-slope.org/assets/images/uploads/Barrow_Comp_Plan_March_2015_FINAL.pdf]

 

Noeuds, jonctions et lisibilité 

 

L’extension du système viaire par l’implantation de ces deux nouvelles voies qui raccordent les nouveaux quartiers résidentiels de la ville se fait de manière très rigide et orthogonale. La Okpik Street, qui permet aux habitants des nouveaux quartiers de traverser le Upper Isatkoak Lagoon afin d’accéder aux zones de service de la ville, traverse Barrow de manière catégorique sans créer de nœuds ou d’opportunités de jonction qui rendraient la ville plus lisible, mais surtout, plus perméable. Ce mode d’implantation du système viaire contraste fortement avec celui que l’on peut observer dans le Old Barrow, qui contient un plus grand nombre de nœuds distinctifs qui servent de repères aux piétons lorsqu’ils se trouvent au cœur de la ville.

 

L’Ahmaogak Street, la nouvelle voie qui donnera accès aux zones récréatives prévues pour la ville, semble être cependant doté d’une bien meilleure lisibilité que l’Okpik Street. En effet, cette dernière est bien cintrée par une unité morphologique composée de bâti commercial et institutionnel d’un côté, et de bâti mixte individualisé en tête d’îlot, ce qui contribue à rendre chacune de ces jonctions distinctives afin qu’elles puissent servir de repères au sein de la ville.

4. 

ÉROSION ET CHANGEMENTS

CLIMATIQUES IMMINENTS

En général, les nouveaux développements résidentiels prévus se font plutôt envers les terres qu’en bordure de la mer, à une distance d’au moins 500 mètres des berges. Toutefois, on prévoit la perte d’une trentaine de bâtiments en marge de la rive en raison de l’érosion, en considérant un taux d’érosion actuel net de 0,67 mètre par année, si aucune mesure de compensation n’est entreprise. Deux zones plus préoccupantes ont été relevées pour 2035, compte tenu de la proximité du bâti avec la ligne d’érosion prédite. En effet, dans 20 ans, on prévoit une variation de la berge de 13 mètres. Dans le Barrow Comprehensive Plan, aucun changement dans l’emplacement de ces bâtiments ni dans la position de la berge n’est prévu. Ainsi, la ville doit assumer des mesures de compensation et d’atténuation à long terme, comme l’apport annuel de gravier sur la rive pour ralentir l’érosion du sol. Évidemment, cela engendre des couts importants.

FIG. 4.4 : ÉROSION PROJETÉE DES BERGES

Projection des bâtiments à risque à Barrow en 2035

 

Pour l’avenir, les prochaines maisons qui seront construites à Barrow seront facilement déplaçables. Actuellement, la construction sur pieux permet peu cette mobilité. On note l’effort de la ville à tenir compte de l’impact des changements climatiques sur l’aménagement des bâtiments et des infrastructures en cessant de construire en bordure de la mer et en envisageant des constructions mobiles pour l’avenir. Toutefois, la route longeant la rive, la Stevenson Street, demeure une artère importante pour se rendre aux quartiers plus au nord de Barrow. C’est cette même route qui est le plus souvent endommagée. Considérant qu’on prédit de plus en plus d’épisodes de tempêtes, en plus d’être plus violentes, cette partie de la ville demandera beaucoup d’entretien dans les prochaines années, rendant les accès aux sites de chasses et de pêches en mer plus difficiles. Ainsi, l’impact des changements climatiques sur la ville aura également des répercussions négatives sur les opportunités de pratiques d’activités traditionnelles de subsistance. Malheureusement, la ville de Barrow ne tient compte que très peu du climat dans son aménagement futur.

Sources: 

ROSEN, Yereth et DeMarban, Alex (2015) High winds cause flooding in Barrow, prompt Shell to pause oil drillong. Alaska Dispatch News. [http://www.adn.com/article/20150827/high-winds-cause-flooding-barrow-prompt-shell-pause-oil-drilling.]

ROSEN, Yereth (2015) North Slope coastal erosion rates among worst in nation, USGS reports. Adn. [http://www.adn.com/article/20150701/north-slope-coastal-erosion-rates-are-among-worst-nation-usgs-reports]

U.S. Army Corps of Engineers (2007) Alaska Baselin Erosion Assessment : Erosion Information Paper – Barrow, Alaska[http://www.poa.usace.army.mil/Portals/34/docs/civilworks/

BEA/Barrow_Final%20Report.pdf.]

 

 

Community Planning Division, North Slope Borough Department of Planning and Community Services (2015) Soaring to the future : Barrow Comprehensive Plan 2015-2035. [http://www.north-slope.org/assets/images/uploads/Barrow_Comp_Plan_March_2015_FINAL.pdf]

 

5. 

ACCÈS, TRANSPORT

ET MOBILITÉ

Connectivité et achalandage

 

Pour sortir et entrer à Barrow à partir du site d’exploitation pétrolière avoisinant (où on retrouve notamment une forte densité de population, soit des employés de la Shell Oil Company), le Barrow Comprehensive Plan ne prévoit l’ajout d’aucune route supplémentaire. Il y a actuellement une seule route qui dessert ce trajet. Cette dernière se retrouve congestionnée à longueur d’année, et on peut prévoir une congestion encore plus accrue avec la croissance démographique qui est prévue pour 2035. Le plan semble donc faire abstraction de la croissance démographique prévue pour Barrow, qui devient encore plus importante dans le cas de la persistance de l’industrie pétrolière en Alaska. En considérant que la plateforme économique de la ville croîtra alors davantage pour pallier à une augmentation de près de 3000 résidents en 2035, il est clair que cette voie unique reliant le secteur d'exploitation pétrolière au Old Barrow à l’aéroport ne saura, à elle seule, assurer une bonne connectivité entre le centre économique et politique du North Slope Borough et ces développements ponctuels attenants.

 

On constate également un problème de connectivité au niveau des routes de glace qui mènent aux différentes bases militaires et scientifiques aux pourtours de la ville. Ces routes sont utilisées par les compagnies et leurs employés pour venir s’approvisionner au centre politique de la région (soit, Barrow), mais également afin d’assurer le transport de leur marchandise et de leurs équipements.

 

Actuellement, ces routes de glace subissent une fonte plus tôt dans la saison hivernale qu’à l’habitude. On perd actuellement environ 3 jours de route de glace par année, ce qui diminue la connectivité générale dans le North Slope Borough. Ainsi, on raconte qu’une perte trop importante des périodes d'utilisation des ces routes de glace pourrait potentiellement faire cesser les activités pétrolières à Barrow. Ceci engendrerait d’importantes répercussions sur l’économie de la ville qui devra alors faire preuve de résilience beaucoup plus tôt qu’elle ne l'a prévu.

 

Considérant que seulement un tiers de la population de Barrow circule actuellement en automobile, le problème des transports est davantage mal adressé par les voies rigides que le Comprehensive Plan propose d’implanter pour lier les nouveaux quartiers résidentiels à l’est de la ville au Old Barrow. En effet, seules 2 routes parcourent cette distance d’environ 2,8 killomètres qui rendent le trajet nonseulement difficilement réalisable, mais surtout dangereux pour un piéton habitant dans ce quartier qui doit se déplacer vers les services. 

FIG. 5.3 : MANQUE DE CONNECTIVITÉ DES DIFFÉRENTS TISSU DE BARROW

Prévu par le Compréhensive Plan de 2035 (rappel section 3)

 

FIG. 5.4 : LISIBILITÉ DE LA RUE PRINCIPALE

Analyse d'implantations possibles.

FIG. 5.5 : LISIBILITÉ DE LA RUE AHMAOGK

Noeuds et jonctions (rappel section 3)

Source: Community Planning Division, North Slope Borough Department of Planning and Community Services (2015) Soaring to the future : Barrow Comprehensive Plan 2015-2035. [http://www.north-slope.org/assets/images/uploads/Barrow_Comp_Plan_March_2015_FINAL.pdf]

 

 

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