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COMMENT?

 

GUÉRIR DE LA 

PÉTRO-URBANISATION.

 

 

Cadre théorique établi sur les bases de la lecture de Tuktoyaktuk : Responsive Strategies for a New Arctic Urbanism, écrit en 2011 par Pamela Richtot, dans le cadre de sa maîtrise professionnelle en architecture à la Massachusetts Institute of Technology, ainsi que Meltdown : Thawing Urbanisms in the Arctic, publié par Mason White en 2013, professeur à l’Université de Toronto et fondateur de Lateral Office, une plateforme de design expérimental de renommée sur l'aménagement arctique.   

L’arrivée de l’industrie pétrolière dans les communautés arctiques a bouleversé la façon d’y aménager des villes qui doivent pallier avec d'importantes contraintes climatiques sur une base régulière. Ainsi, plusieurs régions de l'Arctique ont été témoins de transformations urbaines d'envergures, à un tel point qu'on pourrait aujourd'hui faire référence à la pétro-urbanisation comme le nouvel urbanisme arctique, devenu l'identité prédominante de ces dernières malgré les efforts de résistance des communautés natives qui y sont depuis longtemps installées [White, 2006].

 

On estime aujourd'hui que 30% des puits naturels de gaz et de pétrole sont situés dans le cercle arctique. En effet, des régions telles que l’Alaska, les Territoires du Nord-Ouest du Canada et le nord de la Russie regorgent de sites potentiels à l’exploitation du pétrole. Avec les changements climatiques, la fonte des glaces polaires a permis de faire la découverte de nouvelles sources d’hydrocarbure à extraire. Au cours du 20e siècle, cette découverte a attiré les compagnies pétrolières en Arctique afin d’y établir des infrastructures d’exploitation du pétrole tant permanentes que temporaires. Parfois, elles s’étaient établies sur des sites déjà habités par des communautés natives alors que dans d’autres cas, il s’agissait de sites totalement inhabités. Un des premiers exemples de pétro-urbanisation est la ville de Murmansk, en Russie, dont les paysages sont depuis marqués par les plateformes pétrolières, les tuyaux, les ports industriels, les réservoirs et les habitations temporaires qui définissent aujourd'hui son identité urbaine.

 

L’arrivée des compagnies pétrolières en Alaska a catalysé une urbanisation accélérée de ses communautés qui étaient, pour la plupart, autrefois rurales. Il s'agit d'un processus de développement que l’on peut aujourd'hui désigner comme étant la pétro-urbanisation [Ritchot, 2011], ou l'urbanisme du gaz [White, 2005]. En fait, ces compagnies ont développé les villes et les villages de l'Arctique en fonction de leurs besoins en terme d'infrastructures, de services, ou d'habitations temporaires liés au déploiement de cette industrie. Ce type de développement vient s’inscrire dans l'optique de bâtir une ville globale, où la ville développée se modernise très rapidement, voire trop, afin d’assurer sa connectivité et la subsistance des autres villes et installations pétrolières attenantes. Dans son essai Tuktoyaktuk : Responsive Strategies for a New Arctic Urbanism, publié en 2011 au MIT Press, Pamela Ritchot nous explique le phénomène de pétro-urbanisation de la manière qui suit:

 

 

« In this climate, a contemporary form of the company town is looming within the formation of arctic urbanism. It is one which sees a temporary infrastructural and economic surge as the petroleum based economy rapidly flows in and dominates the lands adjacent to offshore reserves. » [Ritchot, 2011]

 

 

Sans organisation précise, le pétro-urbanisme engendre, à ses débuts, des formes urbaines floues, des zones incongrument densifiées, des aménagements strictement utilitaires et des villes soudainement caractérisées par des paysages naturels autrefois intouchés qui sont soudainement envahit de structures industrielles d'envergure [White, 2005].

 

 

« Extracting their ressources and uproating their economy, it [the gas-driven economy] then retreats, nearly as quickly as it arose. The community that remains must then face the new unfamiliar and abandonned urban morphologie... the urban corpse. » [Ritchot, 2011]

 

 

Dans le cas de plusieurs communautés natives d’Arctique, la pétro-urbanisation a engendré un développement fortement en opposition aux pratiques traditionnelles ancestrales, comme dans le cas d'Inuvik, un boomtown canadien où l’industrie pétrolière a envahi le paysage naturel pour finalement se retirer, laissant derrière elle les anciennes infrastructures d’exploitation peu réutilisables (soit, les urban corpses). En général, l’économie des villes touchées par la pétro-urbanisation évolue essentiellement en fonction de l’industrie pétrolière. Considérant le caractère éphémère de cette économie et l’importance qu’elle peut prendre dans une ville pendant son développement, au retrait de l’industrie, la ville doit faire face à la nouvelle réalité qui se caractérise par des infrastructures maintenant inutilisées et une économie chamboulée. Elle n'a plus d'identité, et sa forme urbaine est devenue désuète, voire vide de sens.

 

À cause du caractère éphémère de la pétro-urbanisation, le design des villes dépendantes de l’exploitation des hydrocarbures sera mis à l’épreuve dans les années à venir, pour voir si elles pourront assurer la résilience de la ville après la fin des activités économiques qui lui auront été identitaires pendant plusieurs décennies. Dans ce nouvel urbanisme arctique,  l’importance est portée sur la flexibilité et la robustesse d’une ville nordique lors de ses plans d'aménagement futurs pour que cette dernière parvienne à se régénérer après l’absence soudaine du moteur économique qui y fut longtemps dominant. Après la pétro-urbanisation, il importe de reconstruire l’identité d'une ville nordique pendant son développement afin qu’elle ait toujours une raison d’exister.

 

 

« Design innovations should be used to embed both flexibility and permanence within infrastructres of arctic urbanism, so that in their longevity, they facilitate a transition of occupation and programmatic use.  [...]

 

Design in the Arctic should also adress the long term use of offshore oil and gas structures and provide a synthesis rather than a gap between the presence and operation of the gas economy and the condition of the city upon the retreat of its economic attractiveness. » [Ritchot, 2011]

 

 

 

 

Sources: KNECHTEL, John (2008) Fuel : Alphabet City. Magazine 13. Etats-Unis : MIT Press 352 p.

RITCHOT, Pamela (2011) Tuktoyaktuk : Responsive Strategies for a New Arctic Urbanism. Cambridge : Thèse de maîtrise, Massachussets Institue of Technology.

SHEPPARD, Lola et WHITE, Mason (2008) Meltdown : Thawing Urbanisms in the Arctic . MONU, no 9. P.24-31.

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